W.B. YeatsQuelques poèmesMis en vers français par : © ChristianTanguy |
Quelques poèmes de The Wind Among the Reeds
Quelques autres :
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He wishes for the Cloths of Heaven
De son désir de Cape Céleste
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The Lover tells of the Rose in his Heart
L’Amant parle de la Rose en son Coeur
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The song of Wandering AengusI went out to the hazel wood, Because a fire was in my head, And cut and peeled a hazel wand, And hooked a berry to a thread; And when white moths were on the wing, And moth-like stars were flickering out, I dropped the berry in a stream And caught a little silver trout When I had laid it on the floor I went to blow the fire aflame, But something rustled on the floor, And some one called me by my name: It had become a glimmering girl With apple blossom in her hair Who called me by my name and ran And faded through the brightening air. Though I am old with wandering Through hollow lands and hilly lands, I will find out where she has gone, And kiss her lips and take her hands; And walk among long dappled grass, And pluck till time and times are done The silver apples of the moon, The golden apples of the sun. |
La Chanson du Voyageur AengusJ’allai jusqu’au bois de noisetier Poussé par un feu dans mon coeur Je taillai une ligne de noisetier Et pendis une baie à mon fil Et quand les phalènes reprirent leur vol Et les étoiles filantes leurs sauts Je plongeai la baie dans le torrent Jusqu’à y prendre une truite d’argent Quand je l’eus posée là par terre J’allai pour remettre le feu en flammes Mais quelque chose bruissait là par terre Et quelqu’un appela mon nom : Ce fut soudain une pétillante fille Des fleurs de pommier aux cheveux Qui appela mon nom puis s’en fut Disparut dans les brumes de l’aube Or bien que vieilli de voyages Par basses terres et hautes terres Je trouverai où elle se cache J’aurai ses lèvres prendrai ses mains Et j’irai le long des longues herbes mures Cueillant jusqu’au bout du temps et des temps Les pommes d’argent de la lune Les pommes dorées du soleil |
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A Poet to his Beloved
Un Poète à sa Bien-Aimée
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To his Heart, bidding it have no Fear
À son coeur, qu’il n’ait pas peur
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He thinks of those who have Spoken Evil of his Beloved
Il repense à ceux qui ont médit de son Aimée
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The Fiddler of DooneyWhen I play on my fiddle in Dooney,Folk dance like a wave of the sea; My cousin is priest in Kilvarnet, My brother in Mocharabuiee. I passed my brother and cousin: They read in their books of prayer; I read in my book of songs I bought at the Sligo fair. When we come at the end of time To Peter sitting in state, He will smile on the three old spirits, But call me first through the gate; For the good are always the merry, Save by an evil chance, And the merry love the fiddle, And the merry love to dance: And when the folk there spy me, They will all come up to me, With ‘Here is the fiddler of Dooney!’ And dance like a wave of the sea. |
Le violoneux de DooneyQuand je joue de mon violon à DooneyLes gens dansent tels les vagues en la mer Mon cousin est le prêtre de Kilvarnet Mon frère de Mocharabuiee J’ai croisé mon cousin et mon frère Ils lisaient dans leurs livres de messe Je lisais d’une feuille volante Achetée à Sligo à la foire Et quand nous en serons à la fin des temps Devant Saint-Pierre assis attendant Il sourira aux trois vieux esprits Mais m’appellera le premier Car les bons sont toujours les joyeux À moins d’une maudite chance Et les joyeux aiment les violons Les joyeux aiment les danses Et quand là-haut les gens me verront Ils viendront tous à ma rencontre Disant « voilà le violoneux de Dooney » En dansant tels des vagues en la mer. |
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He thinks of his Past Greatness
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He tells of a Valley full of LoversI dreamed that I stood in a valley, and amid sighs, For happy lovers passed two by two where I stood; And I dreamed my lost love came stealthily out of the wood With her cloud-pale eyelids falling on dream-dimmed eyes: I cried in my dream, O women, bid the young men lay Their heads on your knees, and drown their eyes with your fair, Or remembering hers they will find no other face fair Till all the valleys of the world have been withered away. Il évoque une vallée pleine d’amoureuxJ’ai rêvé que j’étais dans une vallée et parmi des soupirs car des amants heureux deux par deux passaient près d’où j’étais et rêvé que mon amour perdu furtive arrivait par ces bois paupières de la pâleur des nuages sur des yeux voilés de rêves et j’ai imploré : « Ô femmes faites que les jeunes hommes laissent leur tête entre vos genoux et noient leurs yeux dans vos cheveux ou se ressouvenir d’elle ne leur ferait paraître belle aucune autre plus jamais jusqu’à ce que toutes les vallées du monde aient été balayées par ses vents » |
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A Faery Song
Chanson de fées
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The Lake Isle of InnisfreeI will arise and go now, and go to Innisfree, And a small cabin build there, of clay and wattles made: Nine bean-rows will I have there, a hive for the honey-bee; And live alone in the bee-loud glade. And I shall have some peace there, for peace comes dropping slow, Dropping from the veils of the morning to where the cricket sings; There midnight’s all a glimmer, and noon a purple glow, And evening full of the linnet’s wings. I will arise and go now, for always night and day I hear lake water lapping with low sounds by the shore; While I stand on the roadway, or on the pavements grey, I hear it in the deep heart’s core. |
L’île du lac d’InnisfreeMe lever et partir sans plus tarder... partir pour Innisfree... Quelque hutte aller là-bas bâtir... d’argile et d’osier... Neuf rangs de fève y planter... des abeilles pour le miel - Et vivre seul en leur bourdonnante clairière... Trouver enfin la paix, là-bas, la paix qui douce y pleut... Y pleut des voiles du matin sur le chant des grillons Là-bas, où minuit n’est qu’étincelles, midi pourpres lueurs Et le soir nuées de vols de linots... Me lever et partir – enfin – car toujours nuit et jour J’entends ce lac qui bat sourdement sur ses rives : Que je sois sur les routes, sur le pavé des villes, Je l’entends – au tréfond de mon coeur... |
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A Dream of DeathI dreamed that one had died in a strange place Near no accustomed hand, And they had nailed the boards above her face, The peasants of that land, Wondering to lay her in that solitude, And raised above her mound A cross they had made out of two bits of wood, And planted cypress round; And left her to the indifferent stars above Until I carved these words: She was more beautiful than thy first love, But now lies under boards. |
Un rêve de mortJ’ai rêvé qu’une était morte Abandonnée en un pays lointain Et qu’on lui avait cloué au visage une porte Des paysans du coin Inquiets sûrement de la laisser en telle solitude Puis qu’après pour lui faire une croix Deux autres planches ils avaient jointes Et tout autour planté des cyprès Avant de la laisser aux étoiles indifférentes Jusqu’à ce que j’y vienne et grave : Elle plus belle que ton premier amour À présent sous ces planches Un rêve de mortJ’avais rêvé qu’une très loin En exil était morte. Sur sa fosse on cloue une porte : Un paysan du coin... Craintif de la laisser trop seule, Puisqu’il fait de surcroit De deux bouts de planche une croix Qu’une ombre l’enlinceule Puis il la laisse aux froids astraux... Mais j’y viens et ciselle : que ton premier amour plus belle, l’enclose en ce tombeau. |
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The Old Men Admiring Themselves in the WaterI heard the old, old men say ‘Everything alters, And one by one we drop away.’ They had hands like claws, and their knees Were twisted like the old thorn trees By the waters. I heard the old, old men say ‘All that’s beautiful drifts away Like the waters.’ Vieux admirant leurs reflets sur les flotsJ’écoute les vieux, les anciens dire « Toute chose s’altère Et un par un au loin on se perd. » Leurs mains : comme des crabes, et leurs genoux Noueux comme de vieux épiniers Face aux flots. J’écoute les vieux, les anciens dire « Toute beauté au loin se perd Comme les flots. » |
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The Happy TownlandThere’s many a strong farmer Whose heart would break in two, If he could see the townland That we are riding to; Boughs have their fruit and blossom At all times of the year; Rivers are running over With red beer and brown beer. An old man plays the bagpipes In a golden and silver wood; Queens, their eyes blue like the ice, Are dancing in a crowd. The little fox he murmured, ‘O what of the world’s bane?’ The sun was laughing sweetly, The moon plucked at my rein; But the little red fox murmured, ‘O do not pluck at his rein, He is riding to the townland That is the word’s bane.’ When their hearts are so high That they would come to blows, They unhook their heavy swords From golden and silver boughs; But all that are killed in battle Awaken to life again. It is lucky that their story Is not known among men, For O, the strong farmers That would let the spade lie, Their hearts would be like a cup That somebody has drunk dry. The little fox he murmured,... Michael will unhook his trumpet From a bough overhead, And blow a little noise When the supper has been spread. Gabriel will come from the water With a fish-tail, and talk Of wonders that have happened On wet roads where men walk, And lift up an old horn Of hammered silver, and drink Till he has fallen asleep Upon the starry brink. The little fox he murmured,... Le Joyeux PaysIl est plus d’un gros laboureur Dont le coeur flancherait S’il voyait seulement le pays Où conduisent mes pas Les rameaux y ont fruits et fleurs Tout au long de l’année Ses ruisseaux roulent à ras bord Des flots de bière brune et rousse Un vieux cornemuseux y joue Dans un bois d’or, d’argent Des reines les yeux bleus de glace Dansent en assemblée Le petit renard murmure Quel est le bout du monde Un bon soleil nous brille La lune tient les rênes Mais le renard roux murmure Ô lâche-lui ses rênes Il s’en va-t-au pays Qui est au bout du monde Quand les coeurs sont si hauts Qu’ils éclateraient presque Ils décrochent l’épée Des rameaux d’or, d’argent Mais ceux qui meurrent aux batailles Reviennent à la vie encore Encore heureux que leur histoire Soit inconnue des hommes Car les gros laboureurs En laisserait là leur bêche Leur coeur comme une coupe Qu’on aurait bue cul sec Le petit renard murmure... Michel décrocherait sa trompette D’une branche au-dessus Et cornerait d’un coup Pour le souper servi Gabriel sortirait de l’eau En queue de poisson disant Des merveilles arrivées Sur les routes de pluie où les hommes s’en vont Et levant un vieux cor D’argent frappé boirait À en tomber repu Sur le bord d’une étoile Le petit renard murmure... |
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A CoatI made my song a coat Covered with embroideries Out of old mythologies From heel to throat; But the fools caught it, Wore it in the world’s eyes As though they’d wrought it. Song, let them take it, For there’s more enterprise In walking naked. |
Un habitJ’ai fait pour ma chanson un habit de broderies pris à d’antiques mythologies du cou jusqu’aux talons. Mais des fous l’ont emprunté et, avec, ont paradé se prenant pour des poètes. Vieille chanson laisse-les gambader : après tout mieux me vaut d’aller nu... |
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MemoryOne had a lovely face, And two or three had charm, But charm and face were in vain Because the mountain grass Cannot but keep the form Where the mountain hare has lain. |
SouvenirL’une avait un gracieux sourire Et d’autres d’autres charmes Mais charme et sourire sont en vain Là où l’herbe des montagnes Se doit de retenir la forme De la hase des montagnes. |
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After Long SilenceSpeech after long silence; it is right, All other lovers being estranged or dead, Unfriendly lamplight hid under its shade, The curtains drawn upon unfriendly night, That we descant and yet again descant Upon the supreme theme of Art and Song: Bodily decrepitude is wisdom; young We loved each other and were ignorant. |
Après un long silenceDes mots après un long silence ; c’est bien, – une fois les anciens amants morts ou enfuis, l’hostile lampe couchée sous son ombre puis les rideaux tirés sur l’hostile nuit – que nous dissertions et encore dissertions sur les grands thèmes : l’Art, le Chant. Corporelle décrépitude est sagesse : jeunes nous nous aimâmes, jeunes – et ignorants. |
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Mad as the Mist and SnowBolt and bar the shutter, For the foul winds blow: Our minds are at their best this night, And I seem to know That everything outside us is Mad as the mist and snow. Horace there by Homer stands, Plato stands below, And here is Tully’s open page. How many years ago Were you and I unlettered lads Mad as the mist and snow? You ask what makes me sigh, old friend, What makes me shudder so? I shudder and I sigh to think That even Cicero And many-minded Homer were Mad as the mist and snow. |
Fous comme brume et neigeBoucle et barre la porte car un vent fou nous assiège Nos âmes sont au mieux ce soir si ce logis les protège quand tout au dehors de nous est fou comme brume et neige Horace est là près d’Homère et Platon, entre eux deux, siège De même Tully ouvert à la page de nos années de collège quand toi et moi ignar’ étions encore et fous comme brume et neige Ce qui me fait soupirer vieil ami ? Quoi de plus t’en dirais-je ? C’est que je sais que tous ces gens-là et aussi Cicéron et le long sortilège des mille z-esprits d’Homère tous étaient fous comme brume et neige |
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