Je suis celui qui vit dans le mur
Depuis des ans dans ta cloison je rode
Sans qu'on entende un pleur de mon armure
Il faut pourtant que les années m'érodent

J'en ai vu beaucoup en petite culotte
Qui avaient encore de beaux yeux
Mais tu es la seule qui me botte
Qui chantes en lissant tes cheveux

          Celui qui te regarde
          Par les trous de mes yeux
          N'a pas de mains
          Pour aller vers toi

          Celui qui te voit
          Par les trous de mes yeux
          N'a pas de mains
          Pas de couilles pas de voix

          Celui qui te scrute
          Par les trous de mes yeux
          M'en veut tellement
          D'encombrer le monde

          Celui-là t'attend
          Dans la prison d'un corps
          Et tu entends un appel
          Mais ne sais d'où il sort

Et je t'écris encore une lettre
Que je n'enverrai jamais
Un éditeur l'a trouvée peut-être
Sans doute Je suis mort désormais

La folie seule se frappe la tête à mon front
Je suis celui qui vit dans le mur
Pourtant fatalement ces toits tomberont
Un jour ma mort sera mûre

 

       
      

© Xian

Quelques soleils tristes